< 4/ Un télétravail en mode dégradé | Lutte Virale

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Le télétravail concerne d’abord les cadres

38 % des télétravailleur·ses sont des cadres, alors que ceux-ci ne représentent que 18 % de la population active. À l’inverse, les ouvriers/employés sont sous-représentés en télétravail (essentiellement des employés). Il n’y a pas d’écart de genre spécifique.

Un basculement non anticipé dans le télétravail…

2/3 des télétravailleur·ses actuel·les ne pratiquaient pas le télétravail avant le confinement, ceci concerne d’abord les employé·es à 71 %, et les professions intermédiaires (70 %), et tout de même 62 % des cadres.

Ce sont les cadres des très grandes entreprises qui télétravaillaient le plus avant la crise.

Si le télétravail a très majoritairement été mis en place à l’initiative de l’employeur, 14 % des répondant·es indiquent avoir dû insister ou se justifier pour avoir le droit de télétravailler, notamment les employé·es.

Peu ou pas d’aménagements mis en place par l’employeur

Graphique : mesures mises en place dans le cadre du télétravail pendant la période de confinement

  • Près d’un répondant·e sur 4 (23 %) dit qu’aucune mesure n’a été mise en place par l’employeur
  • Pas de mise à disposition de l’équipement informatique (ordinateur, téléphone, logiciel) pour 35 % des répondant·es et en particulier les deux tiers des enseignant·es.
  • Pas d’accompagnement régulier par la hiérarchie pour 37 % des répondant·es (et pour 52 % des enseignant·es)
  • Pas de mise en place d’un droit à la déconnexion pour garantir les périodes de repos pour 78 % des répondant·es
  • Pas de définition des plages horaires précises durant lesquelles le salarié doit être joignable pour 82 % des répondant·es.
  • Pas de réduction de temps et charge de travail pour les parents d’enfants de moins de 16 ans pour 83 % des répondant·es.
  • Pas de prise en charge des frais de connexion et des logiciels pour 84 % des répondant·es
  • Pas de mise à disposition d’équipements de travail ergonomique (fauteuils, repose pieds…) pour 97 % des répondant·es

Alors même que le Code du travail prévoit :

  • l’obligation générale de prise en charge du matériel et de l’équipement professionnel ;
  • l’obligation de mise en place d’un droit à la déconnexion ;
  • l’obligation de définir les plages horaires durant lesquelles le/la salarié doit être joignable.

De mauvaises conditions de travail

Près d’un quart (23 %) des répondant·es ne dispose pas d’un endroit au calme pour télétravailler (26 % pour les femmes et 20 % pour les hommes)

La moitié des répondant·es ne dispose pas d’un mobilier et d’un équipement adapté (52 % des femmes et 42 % des hommes).

Une augmentation de la charge de travail pour près d’un tiers des salariés en télétravail et notamment les cadres (40 %).

81 % des télétravailleurs qui ont des enfants doivent les garder tout en télétravaillant, ce qui concerne d’abord les femmes (87 % contre 76 % pour les hommes)

Au total, parmi l’ensemble des personnes en télétravail, un tiers ont été obligés de garder leurs enfants tout en travaillant.

Un cocktail de risques psycho-sociaux inquiétant

Isolement

  • 45 % des télétravailleur·ses notent un manque d’échanges et d’informations avec les collègues
  • 27 % un manque d’échanges et d’informations avec la hiérarchie

Surcharge de travail

  • 30 % des télétravailleur·ses notent des informations difficiles à traiter (infobésité)
  • 31 % une augmentation de charge et 24 % une augmentation de temps de travail

Perte de sens et qualité empêchée

  • 17 % des télétravailleur·ses ont vécu des dilemmes éthiques sur le plan professionnel, notamment 32 % des enseignant·es
  • 18 % disent avoir eu des difficultés à appliquer des consignes inappropriées ou contradictoires, dont 35 % parmi les enseignant·es

Une dégradation de la santé physique et mentale

44 % disent ressentir des douleurs physiques inhabituelles (mal de dos, nuques, poignets, yeux…) et 35 % une anxiété inhabituelle.

Dans le même temps, 43 % disent ressentir un sentiment d’autonomie et de liberté, ce qui concerne 48 % des salarié·es de très grandes entreprises privées…ce qui en dit long sur la dégradation des conditions de travail et de management en présentiel…

Manager des équipes en télétravail, un exercice très difficile

Les encadrant·es, salarié·es amenés à superviser le travail d’autres salarié·es relèvent des difficultés particulières :

  • 45 % se plaignent d’un manque d’échange et d’informations avec les collègues, particulièrement problématique lorsque l’on est supposé superviser leur travail.
  • 33 % d’un surplus d’informations difficile à traiter, avec la pratique facile de les mettre systématiquement en copie de tous les échanges mails. Conséquence : ils et elles sont supposés être au courant de tout et suivre tous les échanges, tout en encadrant leurs équipes, en avançant leur travail en propre…et en s’occupant de leurs enfants…
  • 26 % d’un manque d’échange avec la hiérarchie, ceux-ci se limitant souvent à la transmission de directives et de consignes, sans échange qualitatif
  • Et 18 % de dilemmes éthiques sur le plan professionnel et de la difficulté à appliquer des consignes inappropriées ou contradictoires. Les tensions classiques pour le management de proximité sont ici exacerbées par le télétravail. Habitués à composer entre des consignes et un travail normé d’en haut et les besoins de terrain, les manageurs s’appuient sur la proximité avec leurs équipes pour se créer des marges de manœuvres et contourner les consignes inappropriées. Le télétravail fait exploser ce travail humain quotidien et contribue à standardiser les exigences, les consignes et le management.
  • L’encadrement d’équipe les conduit davantage à se déplacer : 23 % ont été amenés se déplacer sur leur lieu de travail ou chez des client·es, contre 16 % de l’ensemble des télétravailleurs.

Ceci se traduit par des problèmes de santé, avec notamment :

  • 33 % des encadrant·es qui notent une anxiété inhabituelle
  • 41 % des douleurs physiques inhabituelles

Des problèmes à mettre en regard avec une hausse de la charge de travail pour 37 % des encadrant·es en télétravail et une hausse du temps de travail pour 29 %.

 

Voir aussi :  

[FOCUS Énergie] Le télétravail dans les très grandes entreprises

[FOCUS] Le télétravail dans l’Éducation nationale

 

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3 réactions

  1. bonjour,
    je suis très étonnée de ces résultats qui en ce qui me concerne ne représentent en rien mon ressenti.
    En tant qu’As, habitant à 30 km de mon lieu d’exercice, le télétravail m’a permis de gagner du temps, de l’argent et une économie de ma fatigue. J’étais équipé d’un ordi pas de la dernière génération mais amplement suffisant. Skype, bref tous les outils indispensables. Le seul bémol fut les permanences donc les rencontres avec nos usagers.
    j’étais au calme et au chaud dans un cdas plutôt glacé même encore à cette période;
    Mon responsable s’est montré disponible ainsi que les CT.
    les réponses étaient rapides et adaptées.

  2. Bonjour,

    Je suis fortement surpris de la façon dont vous ne présentez que les point négatifs ! Ou sont les resultats du reste de l’enquete ?
    Ce dont on a besoin c’est de transparence afin de pouvoir negocier correctement avec nos employeurs.
    Pas d’un discours militant orienté !

    1. Ce sont les résultats en avril 2020 d’une enquêté à laquelle 35 000 personnes ont répondu, pas un pamphlet. C’est la réalité : à l’époque nous avions affaire à un télétravail généralisé et souvent improvisé et mal organisé, dès le 16 mars 2020.

      Bien sur qu’en général le télétravail comporte aussi des points positifs mais à ce moment là, associé au confinement 1, il n’a pas été vécu de manière homogène de ce point de vue.

      C’est justement dans un souci de réelle transparence que nous proposons une enquête détaillée sur le télétravail https://enqueteteletravail.fr/ à laquelle vous pouvez répondre jusqu’au 6 juin 2021.

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